[Economie+Ecologie] Rouler à l'huile avec les UMM

Répondre
Avatar de l’utilisateur
docphilz
UMM d'Or
UMM d'Or
Messages : 639
Inscription : 06 août 2008, 00:18

[Economie+Ecologie] Rouler à l'huile avec les UMM

Message par docphilz »

Un article provenant de la News UMM du club les UMMistes, n°8


« Un coup d'oeil dans le rétroviseur au démarrage: les premières fumées sont blanches et épaisses, parce que l'huile est encore froide. Bientôt mon pot d'échappement dispersera une fumée presque invisible au parfum de frite. J'en avais une super, de frite, quand j'ai eu le résultat de mon contrôle pollution; à 100% d'huile la mesure de l'opacité est de 0,6 . deux fois moins qu'en mélange 50/50 huile et gasoil, et trois fois moins qu'à 100% gasoil (le seuil est fixé à 2,5). Normal, l'huile végétale contient de l'oxygène qui favorise sa combustion. Elle dégage six fois moins de particules cancérigènes, presque autant de CO2 que le gasoil, mais celui-ci a été absorbé par la plante pendant sa croissance. Rouler à l'huile ne contribue donc pas à l'effet de serre. «
Ces témoignages sont légions si vous arpentez les forums spécialisés d’internet. Mettre de l’huile dans mon UMM ? Et ça marche ? Suivez le guide, je vous explique.


De l’huile dans un diesel ? Ce n’est pas une idée neuve

Faire rouler son véhicule à l'huile remonte effectivement bien loin en arrière. En 1910, l'inventeur DIESEL, Rudolf de son prénom avait senti le vent venir. A l'exposition universelle de PARIS, il présente son moteur DIESEL qui fonctionne à l'huile de lin…
Par la suite on a cherché une huile vraiment bon marché, c’était l’huile de pétrole, ou gas- oil, qui est devenu le gazole…

Des avantages réels et tangibles

Depuis une dizaine d'années, des automobilistes autonomes, paysans ou amoureux de la friture, se réclament de rouler à l'huile végétale pure : HVP. La même huile que pour la salade avec un petit raffinement : ils utilisent de l'huile de colza, lin ou tournesol, issue d'une première pression à froid, décantée puis filtrée à 5 microns.
En effet, pour produire de l'huile végétale de supermarché, on brûle décidément trop de pétrole : pour fabriquer les engrais, préchauffer les graines avant de les presser, extraire un maximum d'huile des tourteaux (avec des solvants pétroliers comme l'hexane), produire et transporter la bouteille plastique à l'autre bout du monde…
Les caprices de notre toute puissante déesse Rentabilité économique réprouvent la notion élémentaire de rentabilité énergétique.
Car pour produire et acheminer un litre de gasoil, il aura fallu dépenser une énergie équivalente à plus d'1,3 litre de gasoil. Alors que produire un litre d'HVP de tournesol, demande une quantité d'énergie équivalente à moins de 0,15 litres d'HVP de tournesol, et voire moins si les graines sont bio, produites et transformées à partir d'énergies renouvelables.
En me projetant sur les 1000 litres de ma consommation annuelle de carburant :
A distance parcourue équivalente, soit je brûle 1000 litres de gasoil auxquels je rajoute les 1300 litres dépensés pour les produire et les transporter, ce qui fait un total de 2300 litres de gasoil.
Soit je brûle 1000 litres d'HVP, qui m'ont "coûté" 150 litres d'HVP, soit un total de 1150 litres d'HVP.
Le bilan, c'est deux fois moins de CO2 qui partent en fumée. Et la cerise sur le gâteau, c'est que je n'ai pas contribué à l'effet de serre. En effet, tout le CO2 que mon pot d'échappement a recraché a été absorbé par la plante pendant sa croissance, ça s'appelle un circuit court.
Une combustion plus complète grâce à l'oxygène contenue dans l'huile végétale atténue l'encrassement du moteur (calamine) ainsi que l'émission de particules imbrûlées.
Pas de soufre donc pas de pluies acides, la friture à explosion rejette six fois moins de particules cancérigènes. En bref, ça sent pas la rose mais presque…


Oui, mais dans mon UMM ?

Voilà le problème posé en termes simples.
Nos véhicules sont conçus pour rouler au gazole. Mais voilà, l’huile et le gazole n’ont pas la même viscosité à température égale. L’huile est bien plus visqueuse, comme le montre l’abaque ci-dessous.

Image


Pour ne pas faire souffrir la mécanique, il faut être théoriquement dans la zone verte.
On voit ainsi tout de suite le problème : l’idée, pour ne pas faire souffrir les éléments du moteur et en particulier la pompe à injection, première en ligne de mire, est qu’il faudrait chauffer le mélange gazole/huile (ou l’huile pure) entre 60 et 80° pour qu’elle soit a peu près aussi fluide que le gazole. D’où une quantité incroyable sur internet de bidouillages, bricolages plus ou moins astucieux pour réchauffer cette huile avant sa combustion dans le moteur. Tout y passe, de la tuyauterie de plombier avec une ou plusieurs bougies de préchauffage, au chauffe-biberon 12 V détourné, en passant par la résistance chauffante faite maison. Il semble tout de même qu’une tendance se dessine. L’idée est de fabriquer un échangeur de chaleur entre le liquide de refroidissement et le carburant. C’est pourquoi nos UMM sont d’emblée très intéressants pour cette adaptation, car ils sont équipés en standard d’un réchauffeur de carburant au niveau du filtre a gazole.

Image

Celui-ci fonctionne lorsque le moteur est chaud. Il faut noter que bien que présent, il n’est pas souvent branché. C’est plutôt un mode de fonctionnement d’ordinaire réservé aux conditions climatiques très sévères (en un mot, nordique et/ou polaire). Le second problème à résoudre est de trouver un moyen de chauffer l’huile pendant les premiers tours de roue, le temps que le moteur chauffe. C’est là que l’usage des bricolages électriques est utile. Les plus doués parviennent à construire un système (manuel ou automatique) permettant à la fois le réchauffage électrique et par liquide de refroidissement.
Enfin et pour être complet, d’aucuns conseillent de (faire) retarer les injecteurs pour augmenter la pression d’injection. Je n’ai jamais été convaincu ni par les explications techniques (j’ai même tendance à croire la chose plutôt nuisible) donc je ne mentionne ce point que par souci d’exhaustivité.


Malgré les explications ci-dessus, il faut savoir que rouler à l’huile est théoriquement possible sur tout type de diesel, depuis nos précurseurs de moteur a mazout XD3 aux dernier cri en matière d’HDi ou d’injecteurs pompes.
Dans ce dernier cas, vous devinez que peu de farfelus osent l’expérience, vu le coût abominable de la moindre intervention sur ces moteurs en cas de pépin. Donc on a peu de recul.
Il y a en revanche des légions d’étudiants, de curieux, d’écolos qui n’hésitent pas à tester en douceur des diesels en milieu ou fin de vie, en considérant que « si ça pète eh ben tant pis, c’est pas bien grave ».

Image

Du coup, on voit un nombre considérable de voitures (405,205,309 diesel, mais aussi VW GOLF, citroen VISA, R19, etc) avec des kilométrages souvent canoniques, qui se mettent à rouler tranquillement à l’huile, et ce sans la moindre modification moteur. Je le répète : simplement en allant chez le Lidl du quartier acheter des bouteilles de 5L d’huile, les verser dans le réservoir pour mélanger avec le gazole déjà présent, puis démarrer…. On commence doucement au début, 5% puis 10% si tout va bien. Sans aucune modification, pour un moteur à injection indirecte basse pression (c’est le cas de l’UMM) on conseille de ne pas dépasser 30% si on est équipé d’une pompe Lucas-CAV, rotodiesel ou Delphi. On peut rouler en mélange gasoil + huile végétale jusqu'à 50% sur des véhicules Diesel équipés d'une pompe à injection Bosh ou japonaises (Diesel Kiki, Zexel ...), voire 100% l’été dans le Sud. J’ai testé à 30% d’huile sur mon UMM, et à part une agréable odeur de frite dans mon sillage je n’ai noté aucune modification de comportement moteur.

Bien entendu sur le long terme, acheter de l’huile conditionnée en bouteille plastique n’est écologiquement pas valable à cause de la bouteille que l’on jette, précisément. Et l’huile la moins chère se trouve actuellement chez les hard-discounters aux environs de 75 cents d’euro le litre. En revanche, cela marche aussi avec l’huile que l’on récupère au restaurant chish-kebab du coin ! Et là l’avantage est double. Le restaurateur est heureux de se débarrasser de son huile usée (en principe il paie une société de recyclage pour le faire), vous valorisez un déchet, il n’y a pas de gaspillage de plastique, et la cerise sur le gâteau, mine de rien, est que cela met le carburant a zéro euro le litre si vous roulez à 100% ! Avouez que cela laisse rêveur. Bien sur, avant de l’utiliser (ça serait trop facile) il faut filtrer patiemment l’huile dans son garage, avec des filtres à café, a piscine, etc.… Là encore, l’état de l’art est extrêmement empirique et chacun y va de son petit bricolage de station de filtration. Cela nécessite tout de même un certain investissement (surtout en temps et en ‘ingénierie ‘) .


exemple de ‘station de filtrage’ à la maison (source oliomobile.org)

Image


Mon moteur risque-t-il quelque chose ?

Je l’ai dit, il est clair que nos moteurs ne sont pas conçus pour cela, mais ils ont des tolérances.
La question de « risque » pour le moteur est très difficile à évaluer. En effet, bien souvent nos voitures sont déjà bien kilométrées. Comment incriminer l’huile dans une panne sur un moteur déjà très fatigué ?
Autre aspect à prendre en compte, l’huile étant un détergent, elle a tendance a nettoyer le moteur ( de nombreux démontages in situ en attestent. On peut s’en féliciter, mais voilà, sur de vieux moteurs, la calamine dans les cylindres à un effet de bord sympathique, qui est de boucher et rattraper le jeu entre les pistons et les chemises. En d’autres termes, il est possible de voir les compressions chuter si on roule à l’huile.
La pompe à injection est un organe sensible. Mais il en va pour les pompes comme des voitures, certaines marques fabriquent plus solide que d’autres. Ou alors avec des tolérances plus larges. Du coup, les pompes Bosch sont de loin les plus robustes et les plus tolérantes. On a de nombreux témoignages de personnes roulant à 100% d’huile en été…Sans la moindre modification de moteur ! Les pompes Lucas (mon UMM par exemple) et Diesel Kiki semblent en retrait de ce point de vue.


Alors ou est le problème ?

Le problème, c’est que c’est interdit par la loi française. Il y a une sorte de flou juridique à ce niveau. L’huile végétale n’est pas reconnue comme carburant automobile. Son usage est autorisé dans les groupes de cogénération et autres moteurs en poste fixe sans supporter de taxes sur les carburants. Son usage est autorisé dans les véhicules n’empruntant pas le circuit routier ouvert (tracteur agricole, matériel de travaux public, etc...) Son usage est autorisé pour la production d’électricité et de chaleur (cogénération), l’irrigation, les moteurs en poste fixe et autres moteurs et ne rentre pas dans la législation sur les carburants. En contradiction avec les directives européennes, la France interdit son usage dans les véhicules routiers.

Je ne m’étendrai pas sur le sujet qui fait couler encore actuellement beaucoup d’encre. Il s’agit là d’une bataille d’experts en droit Français et Européen. Par sa directive 2003/30/CE alinéa (12), le Parlement et le Conseil Européen du 08 mai 2003 visent à promouvoir l’utilisation des biocarburants renouvelables dans les transports. Cette directive s’applique le 1er janvier 2005 à l’huile végétale brute. Au regard des dispositions de l'article 265 ter du code des douanes, les huiles végétales pures ne sont pas reprises par l'arrêté du 22/12/78 modifié qui fixe la liste des carburants autorisés. L'usage de ce produit pur à la carburation est donc interdit. Toutefois, vu l'article 55 de la constitution de 1958 (Les traités ou accords régulièrement ratifiés ou approuvés ont, dès leur publication, une autorité supérieure à celle des lois, sous réserve, pour chaque accord ou traité, de son application par l'autre partie), vu le rapport du conseil d'état et vu la présente directive, l'huile végétale brute est reconnue comme carburant. Ainsi, la France est en infraction vis-à-vis de la directive européenne. La directive 2003/30/CE a été partiellement transposée, mais pas la partie concernant les huiles végétales pures. L'article 32 de la loi de finances pour 2005 (loi 2004-1484) concerne les huiles minérales (et non végétales). La Commission a également engagé une procédure de précontentieux pour défaut de transposition de cette directive par la France.

Le gouvernement Français serait donc attaquable devant les tribunaux pour manquement à son devoir de transposition de ces directives, et c’est là que le bât blesse. En effet, l’état oppose un argumentaire basé sur une soi-disant transposition partielle (encore une fois une affaire d’appréciation) et surtout sur le fait que cette directive n’est pas une obligation mais une incitation, laissant libre choix à chaque état membre pour l’application de la directive.
Dans les faits, on voit de tout : des collectivités qui montent des dossiers solides mais sont déboutés par les préfets, des particuliers pris en flagrant délit par les douanes, et qui doivent s’acquitter d’une amende forfaitaire de l’ordre de 150 euros plus les taxes non perçues au titre de la TIC (Taxe Intérieure sur les Carburants, laquelle remplace subtilement la TIPP, qui ne concernait que les produits pétroliers).
On trouve aussi des gens qui déclarent leur kilomètres à la préfecture, et demandent à s’acquitter de ladite taxe, qui est minime si on assimile l’HVP à un biodiesel. Là encore c’est une bataille floue pour défendre cette assimilation. Il reste que les textes de loi sont assez clairs : interdiction de faire rouler des véhicules à l’huile sur route ouverte. Mais il y a des failles et des flous, les défenseurs de l’huile sont sur les dents pour argumenter la dessus. Donc, vous comprenez que roulez à l’huile est un choix à bien mûrir en connaissance de cause.


Pour finir….


Helas, outre le problème juridique, l’huile n’est pas la solution miracle tant espérée car même en cultivant toutes les terres françaises pour y faire pousser du colza, on aurait de quoi couvrir … 9 % des besoins nationaux ; On voit donc bien que la solution est plurielle. Paradoxalement, c’est le génie génétique qui pourrait, qui sait, un jour, inventer un super-colza avec un rendement bien meilleur ?
Docphilz

Sources et sites à visiter :

http://oliomobile.org
http://onpeutlefaire.com
http://www.orvinfait.fr/huile_vegetale_carburant.html
http://www.industrie.gouv.fr/energie/pe ... gl-hvp.htm
Umm un jour, UMM toujours
pierre-76
Régulier
Régulier
Messages : 99
Inscription : 06 mars 2009, 10:19

Re: [Economie+Ecologie] Rouler à l'huile avec les UMM

Message par pierre-76 »

Genial l'exposé, t'était prof doc?

Non vraiment super bien résumé
Avatar de l’utilisateur
docphilz
UMM d'Or
UMM d'Or
Messages : 639
Inscription : 06 août 2008, 00:18

Re: [Economie+Ecologie] Rouler à l'huile avec les UMM

Message par docphilz »

merci :oops:
nan pas prof, mais j'aime bien écrire ;)
Umm un jour, UMM toujours
Avatar de l’utilisateur
BEN
UMM d'Or
UMM d'Or
Messages : 758
Inscription : 22 févr. 2009, 16:09

Re: [Economie+Ecologie] Rouler à l'huile avec les UMM

Message par BEN »

bonjour doc bonne journee je vien de trouver un dieseliste qui va regarder mon petit probleme pour lui ca serai plus les injecteurs a voir
benhisto
Avatar de l’utilisateur
Alain63
UMM d'Argent
UMM d'Argent
Messages : 358
Inscription : 28 mars 2009, 11:01

Re: [Economie+Ecologie] Rouler à l'huile avec les UMM

Message par Alain63 »

Franchement Bravo pour cet exposé super
Alain 63

Avant de porter un jugement sur la vie de quelqu’un mettez ses chaussures, parcourez son chemin, vivez son chagrin, ses doutes, et trébuchez là où il ou elle a trébuché, relevez vous tout comme il l’a fait. Et seulement là vous pourrez le juger
PASCAL
UMM d'Or
UMM d'Or
Messages : 711
Inscription : 28 févr. 2009, 09:18

Re: [Economie+Ecologie] Rouler à l'huile avec les UMM

Message par PASCAL »

Merci Doc,

Le sujet est interressant, en parcourant les forums, j'ai trouvé ça :

"je rappelle que rouler à n'importe quoi d'autre que qu'un produit assujeti à la TIPP est illégal dans le genre rouler illégal mais pas cher il y a beaucoup plus simple que l'huile de colza cela s'appelle le mazout et ce n'est rien d'autre que du gasoil avec du colorant."

Maintenant il reste le coté écolo !
didier2a
Régulier
Régulier
Messages : 27
Inscription : 10 août 2008, 07:46

Re: [Economie+Ecologie] Rouler à l'huile avec les UMM

Message par didier2a »

salut,faites gaffe!!!!!!le fioul rouge est autorisé pour les engins de chantier et les agriculteurs
si vous faites pas parti de ceux là les douanes vont se régaler...............................................
perso je roule moitié huile recyclée moitiée gaz oil et ça marche plutôt bien:pas de pollution au contrôle technique!!
allez salut del'île de beautée :P :D
Répondre